CIARGA
Centre d’interprétation de l’Aviation Républicaine et la Guerre Aérienne
Le Centre d’interprétation de l’Aviation Républicaine et la Guerre Aérienne (CIARGA) est un établissement muséographique de référence consacré à expliquer le rôle de l’aviation et les Forces Aériennes de la République Espagnole pendant la Guerre Civile en Catalogne (1936 – 1939). Le CIARGA veut promouvoir les valeurs de la démocratie et la liberté et la réflexion critique sur la guerre et la paix.
Sections du CIARGA:
Section 1: Guerre Aérienne, 1936-1939
Section 2: Organisation de l’aviation républicaine, 1938
Section 3: El Vesper de la Gloriosa
Section 4: Industrie aéronautique en Catalogne
Section 5: Avions de combat
Section 6: Vie quotidienne à l’aérodrome
Section 7: Bombardements franquistes, 1937-1939
Section 8: Défense Active et Défense Passive
Section 00
Le rêve de voler a été l’un des plus grands désirs de l’humanité à travers l’histoire, mais il a seulement été atteint au XXe siècle. Deux-cents ans plus tôt, l’homme avait réussi à décoller dans un ballon, mais pas à dominer l’espace aérien, ce qui sera réalisé grâce à l’avion. Cet engin permettra de se déplacer à travers le ciel dans toutes les directions et, au fil des années, il révolutionnera le transport puisqu’on pourra voyager aux quatre coins du monde en quelques heures ou même aller dans l’espace. Malheureusement, l’avion sera également utilisé à des fins moins positives et bientôt son potentiel sera utilisé pour en faire une arme de guerre.
1900 – 1913 Des inventeurs, des athlètes et des aventuriers excentriques vont se lancer à la conquête de l’air en volant avec des engins peu fiables et fragiles, faits en bois, en tissu et en fil de fer.
Le 10 février 1910, le français Julien Mamet fera son premier vol à Barcelone. C’est le début de l’aviation en Catalogne.
1914 – 1919 Au cours de la Première Guerre Mondiale il y aura des épisodes singuliers comme les célèbres duels entre les pilotes allemands et les alliés, ainsi que l’apparition des premiers moyens de bombardement: les dirigeables et les grands avions de bombardement, entre autres.
1920 -1935 Ce sont les années de la recherche du «plus haut, plus vite et plus loin » dans le domaine aéronautique. On a envie de battre des records et de traverser des continents et des océans. Et tout cela nous permet d’assister à la plus grande avancée technologique de l’histoire de l’aviation.
1936 – 1945 L’aviation jouera un rôle clé dans la Guerre Civile Espagnole et dans la Seconde Guerre Mondiale: les avions voleront plus vite que jamais et les grandes puissances en construiront des dizaines de milliers grâce à leur capacité industrielle. L’expansion de la puissance aérienne contre les populations civiles aboutira au lancement des bombes nucléaires sur Hiroshima et Nagasaki.
1946 – 1980 Le moteur à réaction sera le moyen permettant à l’avion de briser la barrière du son. Avec la Guerre Froide naît une nouvelle menace: la menace nucléaire, liée aux missiles à longue portée, mais en même temps l’avion commercial prend de l’importance et l’homme arrive à l’espace.
1980 – Comme dans toute sa jeune histoire, l’aviation continue d’évoluer grâce à la recherche pour son amélioration en matière de sécurité, d’efficacité et de durabilité.
Au pied de l’image
Joan Comas Borràs (Lloret de Mar, 1913 – Tordera, 1992), chef du Groupe 26 des escadrons de Xatos. Pilote depuis 1931, il a fait depuis le début du conflit plus de 500 services de guerre, jusqu’au 5 novembre 1938 quand il a été blessé et a perdu une jambe dans le bombardement de Monjos. En 1979, avec la restauration des mairies démocratiques, il est devenu maire de Tordera.
Section 1
LA GUERRE AÉRIENNE 1936-1939
L’aviation en tant qu’arme de guerre
Le soulèvement militaire du 17-19 julliet 1936 contre le régime républicain démocratique a provoqué une longue Guerre Civile (1936-1939), dans laquelle les défenseurs de la République se sont confrontés aux milices ayant engagé le coup d’État, dirigées par le général Franco.
L’aviation a joué un rôle décisif pendant le conflit. Les bombardiers ont été utilisés contre l’arrière-garde et pour soutenir l’armée de terre en aidant dans la décision des batailles à mener. En outre, il y a eu une lutte acharnée entre les combattants pour le contrôle de l’espace aérien. Tout cela sera un antécédent à petite échelle de la Seconde Guerre Mondiale (1939-1945), une guerre aérienne moderne, un prélude d’essai pour les tactiques et les stratégies suite à l’émergence de nouveaux modèles d’avions.
Les avions et leurs fonctions
Les Italiens ont été les premiers à utiliser un avion de guerre en 1907 sur le territoire libyen, mais il a fallu attendre la Première Guerre Mondiale (1914-1918) pour que l’aviation militaire se diversifie: des dispositifs d’observation pour localiser l’ennemi, de chasse afin de protéger l’espace aérien, et des variantes de bombardiers pour frapper l’ennemi. Après la fin de la Grande Guerre les puissances alliées ont utilisé leurs stocks d’avions pour contrôler les colonies.
Pendant les années 20 et 30 du XXe siècle, il y a eu des avancées technologiques majeures dans le domaine aéronautique. Entre 1936 et 1939 on a atteint le potentiel des avions militaires spécialisées ; avec des avions de transport qui ont effectué le premier pont aérien de l’histoire, qui déplaçait des réguliers et des légionnaires de l’Afrique du Nord à la péninsule Ibérique ; ils ont servi en tant qu’avions de lien et de reconnaissance ; en tant qu’école, pour former des centaines de pilotes, ou en tant que chasseurs, ce qui représente la transition du biplan au monoplan moderne et l’expérimentation des chasseurs de nuit face aux bombardements franquistes.
1. Chasseur biplan:
2. Chasseur monoplan:
3. Avion de bombardement léger:
4. Avion de bombardement rapide:
5. Avion de transport:
Les effectifs aériens
Avec le déclenchement de la guerre, environ les trois quarts des 550 avions qui étaient dans le pays son tombés entre les mains du gouvernement républicain, tandis que les rebelles sollicitaient de toute urgence l’aide de l’Allemagne et de l’Italie. A commencé alors une escalade d’armement, qui s’est complétée grâce à des acquisitions républicaines venant de la France et de l’URSS. Tout cela implique plus de 3500 avions de plus de 280 modèles et variantes différents.
De la fin de 1936 jusqu’à l’été de 1937, il y aura un équilibre des forces qui penchera en faveur des insurgés en raison du nombre et de la qualité du matériel allemand et italien, ainsi que de la régularité dans la réception des avions. En revanche, de 1936 à la fin la fin de 1937, les républicains auront environ 500 avions de l’URSS, tandis que, de la fin de 1937 jusqu’en 1939 les appareils reçus seront réduits à 150. Cela impliquera l’impossibilité de niveler les effectifs de Franco, calculés autour de plus de 800 avions italiens et plus de 700 allemands, livrés tout au long de la guerre.
Note du graphique
L’acquisition de matériel aérien est l’une des questions les plus controversées de la Guerre Civile, qui a conduit à des désaccords importants entre les historiens. Les données présentées dans ce graphique proviennent des travaux les plus rigoureux et de sources contrastées.
SECTION 2
Organisation de l’Aviation Républicaine
La naissance d’une nouvelle aviation
Au début du conflit, les bases aériennes de Catalogne, Madrid et Levante sont restés fidèles à la République, tandis que celles de Séville, León, Logroño et Afrique du Nord sont tombées dans les mains des insurgés. Ceux-ci on souffert d’un manque important d’avions, tandis que le gouvernement manquait de personnel technique et de vol.
L’aviation républicaine a vécu deux réorganisations majeures. La première a lieu en septembre 1936 quand Indalecio Prieto est nommé ministre de Marine et d’Air et on crée une Prefactura de Fuerzas Aéreas. La seconde a lieu au printemps de 1937 quand l’aviation militaire et celle de la Marine s’unifient pour devenir l’Arme d’Aviation de la République.
L’aviation républicaine, 1938
ARME D’AVIATION DE LA RÉPUBLIQUE
(créée par décret le 16 mai 1937)
Corps Général Corps Auxiliaire Maestranza d’aviation
↓ ↓ ↓
Personnel de vol Ingénieurs aéronautiques Personnel ouvrier de diverses catégories
Échelons de l’Air Intendance
Échelons de Terre Personnel sanitaire
Mécaniciens i armuriers
DECA (Défense Spécial Contre Aéronefs)
Du 13/03/1937 au 06/01/1938
↓
Direction DECA
↓
Secrétariat Technique
(Organisation, inspection i centralisation)
Sections:
Comptabilité matérielle, Administration de forces, École, Travaux
Personnel, Matériel, Réseau d’écoutes, DECA locaux
Les spatialités de l’Arme de l’Aviation Républicaine
Comme pour l’armée républicaine, l’aviation a dû repartir à zéro lorsqu’elle a dû se confronter à une guerre moderne. Cette arme naissante doit compléter les commandements et créer les spécialités nécessaires à son fonctionnement, ainsi que des centres de formation avec des professeurs et des cours.
Ils ont publié de nombreux appels pour des pilotes, observateurs, mitrailleurs-bombardiers, interprètes-photographes, mécaniciens, armuriers, ingénieurs aéronautiques, spécialistes des combustibles, conducteurs, … Ces appels ont attiré des milliers de jeunes républicains des classes populaires, dont certains ont réalisé leur rêve de faire partie de l’aviation, contribuant ainsi à la démocratiser.
Divises de l’Arme de l’Aviation Républicaine
Chaque spécialité de l’Arme avait ses divises avec l’étoile rouge à cinq branches, en raison de la dépendance et l’influence soviétiques au niveau des avions, des pilotes et des conseillers.
Pilote d’avion Pilote de chasse Mécanicien Radio Mitrailleur – Bombardier
Observateur Observateur d’avion Photographe Mitrailleur – Bombardier
Escadrons, groupes et unités
L’aviation républicaine a organisé son matériel par Escadrons qui comprenaient deux Groupes qui, eux, comprenaient plusieurs escadrilles. L’escadrille était généralement constituée par 9 à 12 avions, divisés en patrouilles de 3 avions.
Organisation de l’Arme de l’Aviation de la République, 1938
Escadron 5: aviation de bombardement (origine soviétique)
L’Escadron 5 réunissait les appareils de bombardement d’origine soviétique formés par deux groupes, le 24 avec 4 escadrilles de bombardiers rapides Katiuska et le 30 avec 4 escadrilles de bombardiers légers Natatxa.
Groupe 24 Groupe 30
Tupolev SB-2 Katiuska Polikarpov RZ Natatxa
Une des particularités de l’aviation gouvernementale a été la pénurie d’avions de bombardement, ce qui a réduit sa puissance offensive et l’a transformée en une arme défensive en raison du plus grand nombre d’avions de chasse. Le bimoteur Katiuska était un bombardier très rapide, mais avec une petite charge de bombes. En outre, tout au long de la guerre, ne sont jamais intervenus plus de 50 appareils de façon simultanée, alors que les Natatxa de bombardement léger étaient lents et restaient très exposés aux anti-aériens et aux chasseurs ennemis.
Escadron 11: avions de chasse (d’origine soviétique)
L’aviation de chasse soviétique sera le cheval de bataille des républicains. L’Escadron 11 sera constitué du Groupe 26 (Xato) et 21 (Mouches), les avions les plus nombreux des républicains.
Groupe 26 Groupe 21
Polikarpov I-15 Xato Polikarpov I-16 Mouche
Les Xatos et les Mouches voleront dans des formations conjointes, les premiers situés à une moindre altitude et les deuxièmes leur donneront de la couverture. Les Mouches seront les premiers chasseurs modernes qui vont participer à la guerre, tandis que les Xato seront utilisés pour presque tout: chasseur de jour, de nuit et même en tant qu’avions d’attaque aux troupes ennemies.
L’aviation nocturne républicaine
L’une des évolutions importantes de la guerre est la création d’unités spécifiques pour les vols de nuit. En 1937, il y aura le Groupe 11, composé de divers bombardiers majoritairement de provenance française consacrés aux bombardements de nuit.
De plus, les lents et obsolètes Polikarpov R-5 Rasante utilisés au début en tant qu’avions d’assaut, seront relégués à des tâches de bombardement de nuit contre les positions ennemies.
En outre, les soviétiques intégreront dans la guerre des formations de Xatos destinés à la localisation des bombardiers nocturnes, une activité qui, plus tard, passera dans les mains des pilotes espagnols.
Dans la région de Murcia, en particulier dans le Carmolí, les pilotes républicains feront un cours spécifique de vol de nuit pour leur formation.
Escadron 7: unités de protection du littoral (matériel non soviétique)
L’Escadron 7 a réunit un ensemble de matériel aérien de qualités et origines très divers: avions français, tchèques, hollandais et même des avions civiles américains adaptés de manière improvisée comme bombardiers. Dans ce bazar hétérogène d’avions, les chasseurs seront destinés à refuser les bombardiers ennemis qui se s’étaient fait maîtres de la côte et à protéger les ports et le transite maritime ; les bombardiers tenteront de dissuader la flotte de bateaux rebelles sur la côte républicaine.
Cet Escadron, avec les groupes 71 et 72, a été dissout au printemps de 1938. Puis le groupe 72 a disparu et ses effectifs sont allés au groupe 71.
Groupe 71 Groupe 72
Chasseurs Bombardiers
Groupe 28 (indépendant)
Au printemps 1938, les force aériennes républicaines vont créer cette unité avec 34 avions Grumman CCF G-23 Delfín (Dauphin), construits au Canada, destinés à des tâches reconnaissances, de bombardement au front et de surveillance de la côte. Ils interviendront divisés en deux zones : à Levante et en Catalogne. Malgré la petite charge de bombes, 8 bombes de 10kg, ce seront de bons appareils d’attaque.
SECTION 3
EL VESPER DE LA GLORIOSA
El Vesper de la Gloriosa est le nom sous lequel est connu l’ensemble d’aérodromes républicains de la région du Penedès : els Monjos, Santa Oliva, Sabanell et Pacs. Principalement utilisée par les unités de chasseurs I-15 Xatos et I-16 Mouches entre avril 1938 et janvier 1939. A partir de ces champs on soutiendra les actions offensives et défensives des fronts du Segre et de l’Ebre.
Juan Lario Sánchez (Madrid, 8 septembre 1918 – 24 juin 2000)
Je suis entré dans notre territoire par la zone comprise entre Vendrell et Vilanova i la Geltrú, en laissant à ma droite Vilafranca del Penedès, pour me diriger vers Igualada. Cette zone cachait une grande garantie grâce à l’important réseau d’aérodromes situés dans toute la région. On le considérait comme le « guêpier » de la « Glorieuse » en zone catalane.
Juan Lario Sánchez : Habla un aviador de la República, Madrid: G. Del Toro, 1973, pàg.254.
Els Monjos
C’est le premier des quatre aérodromes construits. Inauguré par une escadrille de bombardiers Katiuska en mars 1938, au long des mois d’avril et mai y ont stationné des Xatos et des Mouches. À partir de l’arrivé des chasseurs à la bataille de l’Ebre le 30 juillet 1938 et jusqu’à l’abandon le 15 janvier 1939, le champ sera utilisé surtout par les Xatos dans de nombreuses missions de mitraillage aux positions ennemies.
Josep Capellades Sala (Cervelló, 22 avril 1916)
Le 9 avril l’escadrille est revenue sur le champ de Monjos, mais en passant une nuit à l’Arboç, au pavillon militaire situé à la Giralda, un superbe bâtiment. Les mouvements que nous avons fait d’un champ à l’autre étaient un stratagème logistique pour confondre l’aviation nationale (le camp franquiste). On simulait que dans ces champs opéraient différentes escadrilles quand, en réalité, dans ces moments, le Groupe 26 manquait d’avions.
Josep Capellades, Memòries d’un mecànic de l’aviació republicana, Vilafranca del Penedès: Andana, 2010, pàg.92-93.
Sabanell
L’arrivée des avions a lieu les premiers jours du mois d’avril 1938 quand la première escadrille de Xatos atterrit en provenance de Balaguer. Ils vont y stationner aussi pendant le mois de mai pour intervenir pendant la bataille de l’Ebre et jusqu’à la fin, le 15 janvier 1939. L’escadrille de Xatos arrivée en avril sera la principale unité installée dans ce champ, ainsi que les avions des chefs du Groupe 26 : Joan Comas, Miguel Zambudio et Vicente Castillo.
Joan Sayós Estivill (Sant Quirze de Besora, 25 septembre 1916 – 26 janvier 2005)
Dans tous les terrains de décollage autour du notre – Pacs, l’Arboç [Els Monjos], Valls, Reus, el Vendrell, etc.– arrivaient des appareils de chasse qui ne servaient qu’à remonter le moral des combattants, puisqu’on on manquait gravement de bombardiers. Dans cette idée on a donné aux escadrilles de Xatos des ordres incessants de mitrailler niveau du sol, ce qui, en effet, a du sens quand il y a des mouvements de troupes, mais sur les tranchées et les lignes fortifiées est la façon la plus excitante de perdre son temps.
Joan de Milany [Joan Sayós]: Un aviador de la República. Barcelona: Nova Terra, 1970, pàg.114.
Santa Oliva
L’aérodrome a été utilisé comme un champ de passage des escadrilles de Xatos et plus tard on y a placé des Mouches pendant la bataille de l’Ebre, avec des actions à Seròs et la bataille définitive pour la Catalogne initiée le 23 décembre 1938. Les chefs du Groupe 21 de Mouches, Manuel Zarauza et José Maria Bravo vont se poser dans ce champ avec le reste d’escadrilles d’l-16, comme la 4ème (Arias), la 1ere (Redondo) ou la 6ème (Meroño).
Francisco Meroño Pellicer (Mula, Murcie 1917 – Moscou, 1995)
Nous revenons en vol ras en bordant la côte, à plusieurs mètres de hauteur, sur les plages abandonnées. Le peu de pêcheurs qui fréquentent les rives suivent avec leurs yeux notre vol, assis dans leurs vétustes embarcations ; quelque peu effrayés à cause du bruit des moteurs, ils cachent leurs têtes dans leurs épaules. Nous passons en frôlant les cheminées des maisons du Vendrell. Le lieutenant Juan Huerta continue son vol plus loin jusqu’à la maison des pilotes, pour survoler la maison de sa femme et avec cela lui faire comprendre que tout a été normal encore une fois.
Francisco Meroño: En el cielo de España. Moscou: Editorial Progreso, 1979, pàg.186-187.
Pacs
L’aérodrome sera utilisé à partir de la bataille de l’Ebre (25 juillet – 16 novembre 1938) pour la formation à la mi-août 1938 de la 7ème et dernière escadrille de Mouches sous les ordres de J. Puig, avec des aviateurs espagnols. Une fois que la bataille avait avancé s’y est installée la 3ème escadrille de Xatos du Groupe 26, de façon à ce que les deux unités partagent le champ. En janvier 1939 et avant de déménager à Sabadell, y restera la 4ème escadrille de Mouches de hauteur du capitaine Arias.
Antonio Arias Arias (Madrid, 29 avril 1915 – avril 1995)
Sans doute demain je partirai pour Pasch [sic.], je ne veux pas que le fachos me chopent dans l’aérodrome. Tôt le matin je reçois l’ordre du Chef de l’Escadron de transférer l’escadrille à Pasch. Il ne sait pas que la nuit précédente j’avais déjà envoyé là-bas une partie de l’échelon roulant. ¡La retraite a commencé! ¡Notre tragédie a commencé!
Antonio Arias Arias: ¡Arde el cielo! Memorias de un piloto de caza participante en la Guerra de España (1936-1939) y en la Gran Guerra Patria de la U.R.S.S. (1941-1945). Valencia: A. Delgado Romero, 1995, pàg. 329.
Section 4
LA FRAGMENTATION DE L’INDUSTRIE AÉRONAUTIQUE
Depuis le début du conflit, les autorités républicaines et aussi les militaires rebelles seront conscients que pour gagner la guerre il faudra des avions et tout ce qui est nécessaire à leur fonctionnement. À partir de la Catalogne on réalisera plusieurs activités industrielles afin de répondre aux besoins de l’aviation, malgré n’avoir disposé, dans un premier temps, que de deux usines de moteurs d’avions: l’Elizalde et l’Hispano Suiza. Dans la fin de 1936, lorsque le front se rapproche de Madrid, la société d’État Construcciones Aeronáuticas S.A. est transféré de Getafe à Reus. En même temps, on a trasféré aussi à Sabadell les ateliers de l’Aeronàutica Naval de Barcelona. Enfin, Reus et Sabadell unissent leurs forces pour la fabrication sous licence du chasseur soviétique Polikarpov I-15 Xhato. À la fin de 1937, la multiplication des bombardements franquistes sur la Catalogne menace la continuité de la production et on décide de la diviser en petits ateliers à travers le pays, y compris celui de la Margaridoia à Els Monjos. Toutefois, les nouvelles exigences entraîneront la création d’ateliers non issus de la fragmentation des quatre usines, comme par exemple la SAF 10 de Rubí, spécialisée dans la fabrication d’instruments de vol.
Section 7.1 – 7.2
LES ATTAQUES AÉRIENNES
Pendant la Guerre Civile, la Catalogne a connu un véritable siège, d’abord maritime et ensuite aérien. L’échec de l’opération républicaine de conquête de Majorque a permis aux rebelles et à leurs alliés d’utiliser l’île comme un véritable porte-avions situé devant la côte républicaine. Bien que ce n’était pas la première fois que l’on attaquait le territoire et les populations de l’arrière-garde, c’était nouveau qu’on le fasse de façon aussi continuée. La Guerre Civile espagnole a servi en tant que terrain d’essai définitif pour l’utilisation du bombardement systématique contre l’arrière-garde.
Note pour carte de la Catalogne
L’aviation fasciste établie à Majorque s’attaquera à des objectifs et des villes, depuis Almeria jusqu’à Port-Bou, avec une campagne systématique d’usure matérielle et morale contre l’arrière-garde républicaine. L’objectif principal seront les ports et les navires transitant la Méditerranée, les gares de train et voies ferrées et les usines. La campagne de bombardement du littoral républicain, initiée au printemps 1937 a été menée par les bombardiers trimoteurs de l’Aviazione Legionaria italiana Savoia S-81 Pipistrelli (chauves-souris) qui ont mené des attaques nocturnes, et par les Savoia S-79 Sparvieri (moineaux) plus rapides et modernes consacrés à bombarder pendant la journée. Y ont aussi participé les lents hydravions allemands Heinkel He-59 « Zapatones » de la Légion Condor, lesquels sont intervenus la plupart des fois dans les activités nocturnes individuellement ou en formations en attaquant la côte républicaine.
Section 7.4
BOMBARDEMENTS AU PENEDÈS
Les régions de l’Alt Penedès, le Baix Penedès et le Garraf ont souffert, comme le reste de la côte catalane et une grande partie de la Catalogne, les attaques de l’aviation fasciste. Ces attaques ont commencé en mai 1937, et ont continué, en variant l’intensité, jusqu’à l’occupation franquiste du Penedès, en janvier 1939. Pendant ce temps, les bombardements ont été plus intenses pendant l’été et l’automne 1938 et le mois de janvier 1939. Bien que la plupart des attaques aériennes ont été effectuées par des hydravions Heinkel-59 Zapatones de la Légion Condor allemande, les plus intenses ont été ceux menés par les trimoteurs Savoia (S-81 et S-79) de l’Aviazione Legionaria italiana.
L’aviation franquiste a suivi un plan d’hostilisation des zones républicaines considérées comme présentant un intérêt stratégique selon les information fournies par l’intelligence franquiste (SIFNE et SIPM).
Au total, la région du Penedès a subi 344 attaques de l’aviation franquiste, qui ont causé de nombreux dégâts matériels et 204 décès. Les populations qui ont le plus souffert des bombardements et mitraillages aériens franquistes ont été Sant Vicenç de Calders, el Vendrell, Calafell, Cubelles, Vilanova i la Geltrú, Sitges, Vallcarca, Garraf, els Monjos, Subirats i Vilafranca del Penedès.
Objectifs de l’aviation franquiste dans les trois régions du Penedès |
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Champs d’aviation | Els Monjos
Santa Oliva Pacs Sabanell |
Défense des côtes et artillerie | Sitges
Vilanova i la Geltrú Calafell El Vendrell |
Industrie de guerre | Vilanova i la Geltrú
Vallcarca Sant Sadurní d’Anoia Vilafranca del Penedès El Vendrell |
Industrie stratégique | Vilanova i la Geltrú
Els Monjos Vallcarca (Sitges) |
Installations et nœuds ferroviaires | Sant Vicenç de Calders
Vilanova i la Geltrú |
Centres militaires | Vilanova i la Geltrú
Sitges Ribes El Vendrell |
SECTION 8
DEFENSE DEFENSE ACTIVE ET PASSIVE
Défense passive
La menace aérienne fasciste sur la Catalogne obligera les autorités militaires et civiles républicaines à coordonner les moyens destinés à la défense du territoire, malgré le manque de ressources et le manque de connaissances dans ce domaine. On créera d’abord le Service de Défense Passive Antiaérienne responsable des systèmes de détection, de secours et construction d’abris antiaériens. Plus tard, on crée la Junta de Defensa Pasiva Nacional (Conseil de Défense Passive Nationale) qui dépendra de la Dirección General de la Defensa Especial Contra Aeronaves (DECA), qui obligera à prendre des mesures pour organiser la défense passive contre les attaques aériennes dans les territoires fidèles et définira quelles sont ces mesures, comme par exemple la création de comités provinciaux et locaux avec des équipes de spécialistes, sanitaires et de travail. La collaboration et l’initiative de la société civile seront essentielles pour déployer le système de Défense Passive dans tout le pays dans un délai aussi court.
LA Défense DE LA CATALOGNE Problèmes: * Pénurie et basse qualité des moyens militaires et civiles * Grande extension du territoire de la côte catalane * Difficulté à détecter les avions attaquants à cause de la proximité des bases i du fait que la majeure partie du trajet était fait par la mer |
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Défense Active Localisation et neutralisation des avions attaquants |
Défense Passive Protection de la population civile pour minimiser les dommages |
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DECA Batteries antiaériennes de canons et mitrailleuses. Phono- localisateurs, Réflecteurs ou projecteurs. Réseaux d’observation, d’écoute et alarme |
Forces Aériennes Républicaines
Escadron 7 (deux groupes d’avions de défense des côtes) Escadrilles de chasse (Xatos et Mouches) |
Comité de Défense Passive de Catalogne (Conselleria du Travail – Generalitat de Catalunya) Comités de Défense Passive Locaux Tâches: – Éducation et formation de la population face aux attaques aériennes. – Construction et habilitation d’abris. – Régulation du trafique, recrutement du personnel civile, ingénieurs de défense passive et systèmes de camouflage, lumières et signaux d’alarme.
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